L'avenir est à l'Est



Dans les médias occidentaux, les nouvelles en provenance d’Ukraine se font rares, tout comme celles provenant de l’Europe de l’Est, d’ailleurs. Ce large espace géographique situé entre l’Allemagne et la Russie est pourtant éminemment intéressant et ce, tant pour des questions sociales que géopolitiques. Aujourd’hui, ce sont ces ex-pays communistes qui ont su le mieux préserver l’essence même de la culture européenne, notamment parce que libéralisme n’y a pas (encore) fait de ravages sur le sentiment de solidarité nationale en atomisant la société comme il a su si bien le faire en Occident depuis 1945 avec l’individualisation des esprits et la concurrence permanente entre chaque citoyens… À l’instar du lointain Japon, ces pays de l’Est n’acceptent que très peu d’immigration et n’ont ainsi pas à endurer tous les désagréments qui viennent habituellement avec. Pas de crises des accommodements raisonnables en République Tchèque, pas de prédicateurs islamistes en Lituanie, pas de ghettos multi-ethniques et violents en Hongrie, aucun attentat terroriste en Pologne… Et malgré cette absence d’immigration, ces pays possèdent des taux de croissance économique supérieurs à ceux de l’Occident. Il pourrait être grandement utile de prendre parfois exemple sur ces pays de l’Est qui ont longtemps été de misérables pays soumis au communisme soviétique mais qui, depuis quelques années, sont en pleine redécouverte de leur traditions millénaires et en plein essor nationaliste.
Un pays qui ne peut encore toutefois profiter de toutes les vertus d’un nationalisme sain est l’Ukraine, aux prises avec une guerre civile depuis plus de 3 ans. Cette «guerre du Donbass» est issue directement des luttes entre deux factions qui s’opposent depuis longtemps en Ukraine,  une pro-russe, l’autre pro-Ouest. Côté russe, on considère l’Ukraine comme faisant parti intégrante de la Russie historique, alors que du côté occidental on aimerait bien faire entrer l’Ukraine dans le giron de l’Union européenne (donc des États-Unis), comme ce fut le cas de la Pologne après la chute de l’Union Soviétique et de sa sphère d’influence. Pour le moment, l’Occident semble avoir placé ses pions de façon à prendre l’avantage en Ukraine, notamment avec l’actuel président libéral et pro-Europe, Petro Porochenko qui poursuit sa guerre anti-russe dans l’est du pays. Mais puisque de nombreux Ukrainiens craignent autant le libéralisme économique européen que la domination russe, plusieurs se tournent vers une troisième voie. C’est là que des mouvements patriotes comme Azov deviennent intéressants. Car cette troisième voie est celle du nationalisme intégral et de l’indépendance nationale pour l’Ukraine, qui a pour but d’aider ce pays à résister aux tentatives impériales russes et occidentales tout en créant des conditions pour le plein développement de la nation ukrainienne, libre des influences étrangères, souvent hostiles. Le Bataillon Azov, qui s’est récemment constitué en parti politique,  s’inscrit dans cette troisième voie.  Formé au moment où le moral était le plus bas en Ukraine, Azov est d’abord et avant tout un groupe de volontaires nationalistes unis par l’amour de leur patrie et leur désir de combattre l’impérialisme militaire russe d’une part, et l’invasion économico-culturelle occidentale d’autre part.

Azov interprète la nation au sens ethnique du terme, contrairement aux pays de l’Ouest où le droit du sol et le nationalisme civique se sont imposés peu à peu depuis 1945. Pour Azov, un Ukrainien est un individu qui est relié à la nation ukrainienne par son origine ethnique, sa religion, sa langue et sa culture. On ne peut pas devenir Ukrainien suite à l’obtention d’un simple passeport ou encore en prêtant serment à un distant chef d’État, comme c’est le cas au Canada. On naît Ukrainien ou on ne l’est pas. Dans les pays occidentaux, où les mots «origine» et «ethnie» sont tabous, cette vision stricte du nationalisme est bêtement qualifiée d’extrême droite, voire de nazisme. Et s’il est vrai que quelques têtes brûlées d’Azov ont en effet posé aux côtés de drapeaux à la croix gammée (servant ainsi la propagande russe qui prétend combattre un ennemi nazi qui serait partout en Ukraine), il ne faut pas généraliser ces dérives à l’ensemble du mouvement nationaliste ukrainien. D’autant plus que pour plusieurs Ukrainiens, la croix gammée a longtemps symbolisée la résistance ukrainienne face à l’impérialisme soviétique du XXe siècle. Pour nombre d’entre eux, il valait bien mieux collaborer avec l’Allemagne nazie plutôt que d’endurer les diktats de Moscou et subir le communisme, l’idéologie la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité. La tradition anti-communiste ukrainienne a d’ailleurs perduré jusqu’à nos jours et vient ainsi donner une teinte particulière au nationalisme ukrainien. Sous cet angle, il serait grossier et totalement faux de mettre dans le même panier ce nationalisme et le national-socialisme des années 30.
Azov s’oppose également au grand capital, à la mondialisation et au système économique basé sur la consommation et l’endettement, système qui favorise les oligarchies bancaires transnationales. Le mouvement propose plutôt une économie basée sur les petites entreprises, les coopératives de travailleurs, l’exploitation agricole familiale, bref sur une économie locale et basée sur de petites propriétés, évidemment ukrainiennes et non étrangères. On y propose la nationalisation des ressources naturelles et de nombreux secteurs stratégiques, comme celui des gazoducs russes opérés par Gazprom, société gazière russe très proche du Kremlin, d’où une certaine irritabilité de Moscou vis-à-vis le nationalisme ukrainien. Azov est également un mouvement agrarien, c’est-à-dire qu’il favorise les populations rurales des campagnes en encourageant la vitalité économique et démographique des régions et petits villages.
Un des points les plus intéressants du programme d’Azov est notamment le désir d’instaurer un bloc de coopération Baltique-Mer Noire, parfois appelé Intermarium. Cette coopération économique et militaire inclurait plusieurs pays slaves d’Europe de l’est (Pologne, Lituanie, Biélorussie, Ukraine, Roumanie, incluant parfois l’ancienne Tchéquoslovaquie, la Bulgarie et la Hongrie),  qui ont vécu le communisme et qui ne souhaitent pas pour autant sombrer dans le libéralisme abrutissant prôné par l’UE. Puisant ses racines dans le projet de fédération slave du général nationaliste polonais Jozef Pilsudski dans les années 20, l’Intermarium mènerait à la création d’une sorte de super-état où chaque nation conserverait son autonomie, dans le plus grand respect du principe d’autodétermination des peuples, mais qui engagerait chacun de ses adhérents à la défense de l’un ou l’autre des membres contre d’éventuelles agressions militaires russes, américaines ou ouest-européennes. Historiquement, l’Intermarium était surtout imaginé pour se protéger des visées impérialistes de l’Allemagne du début du siècle, considérant notamment que plusieurs communautés allemandes éparses étaient installés en Europe de l’Est et en Russie depuis plusieurs siècles (les Spataussiedler), ce qui a d’ailleurs justifié la théorie du Lebensraum des nazis. Depuis 1945 toutefois, ces communautés allemandes ont peu à peu à peu regagnées l’Allemagne et l’expansionnisme menaçant s’est transposé du côté russe. À la lumière des récents événements qui touchent l’Europe (guerre en Ukraine, crise migratoire, expansionnisme russe, gouvernement nationaliste en Pologne), l’idée d’Intermarium paraît de moins en moins saugrenue et prend d’ailleurs de plus en plus place dans l’esprit de nombreux Slaves, dont les membres d’Azov. Il ne s’agirait que d’un alignement de gouvernements favorables à l’idée dans les différents pays concernés pour que la théorie soit mise en pratique. L’instauration d’une telle coopération serait un coup de théâtre retentissant dans l’histoire rectiligne qui semblait se dessiner depuis la chute du bloc soviétique en 1989 et deviendrait une soudaine épine dans le pied tant pour l’Europe libérale des Macron et Merkel de ce monde que pour la Russie.


Si Azov pouvait effectivement faire une percée dans l’électorat ukrainien, la situation politique de ce pays, tout comme celle de l’Europe de l’est, deviendrait extrêmement intéressante.
En terminant, il est de bon de retranscrire ici le manifeste d’Azov, qui trace désormais les grandes lignes du parti politique que le mouvement est devenu. Cette traduction est l’œuvre du site internet français Cercle Non Conforme.
La jeune génération des patriotes dans les conditions d’une guerre non déclarée, tenant compte de la situation catastrophique de la nation et de l’État, poursuit l’objectif d’écarter le pouvoir incompétent, les politiciens corrompus et les oligarques de la gestion des affaires de l’État.

Nous luttons pour la mise en œuvre des points suivants :

1)      La solidarité de la nation contre le partage artificiel de l’Ukraine entre Est et Ouest.

2)      Un pouvoir fort, respecté, capable de répondre personnellement de ses actes contre la corruption, l’irresponsabilité et la modernité sans visage.

3)      Un État ukrainien grand, fort, unitaire, avec un large pouvoir concédé aux citoyens contre la ruine et l’occupation du pays, y compris sous l’apparence d’une fédéralisation.

4)      Un Parlement constitué de spécialistes hautement qualifiés contre le populisme et le manque de compétences des partis et des députés actuels.

5)      Une économie qui conjugue secteurs étatique et privé contre les dérives extrêmes du capitalisme oligarchique et du communisme.

6)      Nationalisation des ressources extraites du sol, des secteurs stratégiques de l’économie et de certains monopoles contre l’exploitation sauvage de notre terre par les structures oligarchiques.

7)      Développement du système bancaire pour stimuler l’économie, établir un taux d’intérêt justifié contre les usuriers qui ont la loi de leur côté et l’esclavage de l’endettement.

8)      Intervention minimale de l’État dans le développement des petites et moyennes entreprises contre les pressions exercées par un système bureaucratique corrompu.

9)      Participation des ouvriers à la gestion et au partage des bénéfices des entreprises contre le fait d’être privés de droits, d’être exploités  par les employeurs et les faux syndicats.

10)     Miser sur le développement de la science, de l’éducation et des nouvelles technologies en tant que fondements de la puissance de l’État contre une économie stagnante de rente.

11)     Transmission des droits sur le sol national aux paysans ukrainiens, introduction de technologies innovantes et subventions étatiques dans le secteur agricole contre la politique irresponsable destinée à détruire le village en tant qu’unité organique et l’appauvrissement des sols.

12)     Priorités aux intérêts nationaux de l’État dans le domaine de la politique extérieure contre la soumission aux « institutions internationales » et aux « valeurs » universelles qui servent de paravent aux impérialismes étrangers.

13)     Création du bloc Baltique-Mer noire en tant que fondement d’un système de sécurité globale et régional contre les espoirs illusoires entretenus vis à vis de l’Est ou de l’Ouest qui ont mené à l’occupation d’une partie du pays.

14)     Mise en place d’une armée nationale puissante et d’un complexe militaro-industriel performant, retour au statut nucléaire du pays contre l’impuissance militaire et la honte du moment.

15)     Renforcement du contrôle des migrations extérieures, des frontières nationales contre la politique de « porte ouverte » qui mine les fondements nationaux et économiques de l’État.

16)     Renouveau démographique pour l’État ukrainien s’appuyant sur des mesures d’encouragement et soutien sans précédents contre la politique d’extinction de la nation.

17)     Politique en faveur de la jeunesse et de son éducation, s’appuyant sur des principes de dignité et d’honneur nationaux contre le culte du consumérisme.

Version française réalisée par Nataliya Matviytchouk et Pascal Lassalle en juin 2015 pour le Cercle Non Conforme.
Traduit par Cercle Non Conforme

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